Laboratoire pour une nouvelle politique de l'Education Populaire
Strasbourg est la grande ville la plus jeune de France. Elle compte près de
100 000 habitants de moins de 26 ans qui représentent 40% de sa population.
C'est une chance pour la ville. C'est aussi un formidable défi quand on sait
quelles difficultés la jeunesse éprouve aujourd'hui pour trouver son
inscription dans la cité. Sous l'autorité de Roland Ries, maire de
Strasbourg, Jean-Claude Richez, historien, adjoint chargé de la Jeunesse et
de l'Education Populaire, a mis en place des dispositifs innovants qui
renouent avec les principes de l'Education Populaire, comme moyen
d'intégration sociale.
Une nouvelle politique de la jeunesse adaptée au contexte urbain actuel,
passe nécessairement par l'innovation. La municipalité de Strasbourg s'est
donné les moyens de créer des espaces où s'expérimentent de nouvelles formes
d'accès aux savoirs et pratiques culturelles qui forment le socle de la
participation démocratique. C'est la vocation du programme d'Education
Populaire lancé en 1996, qui a créé de nouveaux lieux d'apprentissage,
d'initiation et de formation. Ce programme répond à un constat, une
tradition strasbourgeoise, et des missions bien définies.
Un constat
Le partage des savoirs et leur acquisition à travers l'éducation, est plus
que jamais une des conditions de la démocratie. Le champ de l'éducation a
dépassé le cadre de l'école et de la famille, pour se développer tout au
long de la vie. Il s'agit donc de donner à tous, et plus particulièrement à
ceux dont les attentes n'ont pas été comblées par l'école, les moyens de
continuer de se former hors école. Ce rôle incombe à l'institution publique.
Une tradition
Grâce à des personnalités comme Jean Macé à la fin du 19è siècle, et plus
tard Jacques Peirotes, l'Alsace a été à l'origine d'initiatives
déterminantes dans le domaine de l'éducation populaire. Si l'on considère
que l'accès aux connaissances est aujourd'hui bouleversé par l'introduction
des nouvelles technologies, les principes de l'Education Populaire - à
condition d'en réactualiser les modalités de mise en oeuvre - sont plus que
jamais d'actualité.
Strasbourg a choisi d'en faire un nouveau champ d'expérimentation sociale
avec l'ambition d'apporter des réponses innovantes.
Des missions
Pour favoriser l'accès aux savoirs et à l'éducation des jeunes hors système
scolaire, la municipalité de Strasbourg a mis en place les Ateliers du
Savoir et de la Création constitués par les Cybercentres, La Maison de
l'Image, le CRICA (Centre de ressources des initiatives culturelles et
artistiques) et l'Université Hors les Murs. Ils se présentent comme des
nouveaux lieux d'échanges et d'acquisition des techniques et des
connaissances contemporaines. Ils constituent des centres de ressources qui
fonctionnement à la fois comme des pôles d'innovation sociale et comme des
relais en direction des réseaux intermédiaires associatifs, culturels et
sociaux. Les quatre centres de ressources (multimédia, audiovisuel, musiques
et danses urbaines et traditionnelles, conférences et débats) fonctionnent
sur un principe d'échange et de mutualisation des compétences qui doit
aider les mouvements associatifs à participer à la création de nouvelles
formes de pratiques culturelles.
Les enjeux de l'éducation populaire sont aujourd'hui considérables
dans la mesure où ils sont liés à la transformation de notre société. De
notre capacité à maîtriser les nouvelles technologies, non seulement dans
leur composante technique mais aussi dans leurs contenus, dépend en partie
l'avenir de notre société démocratique. Avec la télévision numérique et
Internet , nous disposons de nouveaux outils à la portée du plus grand
nombre. Nous ne pouvons nous contenter de faire du citoyen un spectateur -
consommateur. Les possibilités qu'offrent ces nouveaux vecteurs mettent
chacun, derrière son écran, en position de produire des messages, du sens,
de l'échange. Encore faut - il disposer des savoirs-faire et connaissances
techniques pour y parvenir. C'est ce que nous cherchons à faire à Strasbourg
en valorisant la culture et l'expérience des gens pour les aider à sortir
du prêt à penser
Alors qu'hier l'éducation populaire faisait du livre le mode d'accès
privilégié au savoir, l'éducation populaire moderne entend mettre les
nouvelles technologies au service de cette ambition. Dans le contexte du 20è
siècle finissant, les technologies de l'image et de l'informatique offrent
des nouvelles possibilités d'accès à la culture, à l'information et à la
formation..